Article du 20/05/2016 du Parisien aujourd'hui en France "Nucléaire : un lifting à 55 milliards" - Décriptage

Le quotidien Le Parisien Aujourd'hui en France publie en date du 20 mai 2016 un article relatif au "Grand Carénage" lancé sur le parc électronucléaire français.

A charge.

Éclaircissements :

L'article

Grossière erreur, dès les premiers mots de l'article, qu'est de considérer l'ensemble du parc vieux de 40 ans. La dernière centrale construite, celle de Civaux dans la Vienne (86) à été mise en service juste avant 2000.

Le diagramme suivant donne le tempo du programme de construction du parc français.

La chaîne de radio Europe1 publie en date du 27 mai 2016 un article relatif à la sécurité des centrales nucléaires (ou la définition de la sécurité nucléaire par le Ministère de la Défense et celle du Ministère de l'Environnement de l'Energie et de la Mer) et fait la même erreur...

Ensuite, non, il ne suffit pas d'un coup de baguette magique pour prolonger la durée de vie d'une installation nucléaire. Celle-ci fait l'objet d'un examen qui, au  terme de dix années d’exploitation, vise à s'assurer de la poursuite de son exploitation pour les 10 prochaines années.

Voir la page de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) à ce sujet ici.

L'encart sur "L’inquiétant accident de Paluel"

D'abord, le moyen de manutention utilisé n'est pas, comme mentionné, une grue. Non, il s'agit d'un pont polaire, qui à justement été renforcé, éprouvé, certifié, pour pouvoir supporter cette capacité à lever les presque 500 tonnes d'un Générateur de Vapeur (GV).

Ensuite, le GV ne s'est pas, je cite "... écrasé sur la dalle béton qui protège la piscine (où est immergé en temps normal le combustible nucléaire).".

Non, aucune dalle béton ne protège la piscine du bâtiment réacteur. Il a été installé un platelage métallique qui recouvre effectivement la piscine lors de ces grosses opérations de manutention que sont les sorties des 4 anciens GV, et la rentrée des 4 nouveaux. Ce platelage reprend une partie de la charge que supporte le pont polaire pendant ces phases de manutention. Il à été impacté lors de la chute.

Le plancher piscine est effectivement en béton, et la piscine affleure avec ce dernier. 

Voir la note d'information éditée par l'ASN le 01/04/2016 sur la chute du GV.

Quant au combustible, il n'est présent en piscine que lors des phases de changement de ce dernier. En fait le combustible nucléaire est et reste dans le cœur (la cuve), la piscine est remplie d'eau, servant de matelas radiologique durant les phases de manutention combustible. En phase exploitation la cuve est fermée, la piscine vidée; le pont polaire sur sa voie de garage (notamment pour prévenir tout risque engendré par celui-ci sur les installations avoisinantes en cas de séisme).


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Dernière précision enfin. Toutes les informations qui figurent ici, sont accessibles au grand public. Je trouve dommageable, pour la presse française, et bien sur in fine pour l'industrie nucléaire française, de diffuser des informations, pourtant accessibles et vérifiables, qui contribuent a semer une certaine peur d'une énergie qui au quotidien nous amène ce confort de disponibilité et de fourniture...

Focus sur une cause d'agression externe : la cyberattaque

Tout d'abord, qu'est-ce qu'une cyberattaqueTel que le définit Wikipédia, "Une cyberattaque est un acte malveillant envers un dispositif informatique via un réseau cybernétique.


Alors qu'au lendemain de la commémoration des 30 ans de l'accident de Tchernobyl, la centrale nucléaire allemande de Gundremmingen subissait une cyberattaque.

La Belgique n'a pas été épargnée par une certaine psychose, en renforçant la sécurité de ses deux centrales nucléaires.

D'après l'article ZDNet paru le 24 juin 2016, je cite :
"Le système d'information des centrales nucléaires repose, lui, sur une caractéristique qui pourrait faire sourire mais qui a longtemps garanti sa sécurité : "la plupart des équipements informatiques de sites sensibles ont longtemps bénéficié d'une certaine forme de "protection par l'antiquité", relève Carolyn Baylon, co-auteur d'un rapport sur la cyber sécurité des installations nucléaires."

Avec le développement informatique, la mise en réseau d'applications qui, somme toute, peuvent paraître anodines, les cybercriminels se font un devoir d'attaquer toutes les institutions, parfois juste pour prouver leur vulnérabilité, parfois pour commettre de véritables vols, détournements ou pire.


En 2010, le ver Stuxnet était découvert. A l'origine pour s'attaquer aux centrifugeuses du process iranien d'enrichissement, on 'apercevait qu'il pouvait mettre à mal les systèmes sous Microsoft Windows, dont notamment l'EPR français qui en est équipé.


Je ne m'étendrais pas ici sur les possibilités d'atteinte d'une telle attaque et les conséquences qui pourraient en découler, mais on peu aisément imaginer les conséquences politiques, économiques, sociales, sociétales, environnementales et autres que pourrait engendrer un accident majeur issu d'une cyberattaque...

En attendant, la France se dote d'un arsenal juridique..., et la Belgique n'est pas rassurée.

Sources :

Le Point, 29/04/2016, BFM TV 26/03/2016, Le Monde 06/10/2015, ZDNet 265/06/2016, LaGazette.be 25/06/2016

Documentation :

Arrêté du 10 juin 2016
Loi de Programmation Militaire
Rapport AEIA destiné à prévenir les attaques sur le SI des centrales