Les évaluations complémentaires de sûreté françaises

Des principaux accidents nucléaires, Three Mile Island en 1979 et Tchernobyl en 1986, nous en tirons les enseignements. Nous l'appelons retour d'expérience (REX).

Fukushima en 2011 n'en déroge pas, et le REX qui en découle est un processus long de plusieurs années.


A titre d'exemple, le retour d'expérience (REX) de l'accident de Three Mile Island en 1979 fera qu'un phénomène initialement non prévu à la conception des centrales REP, à savoir la fusion totale ou partielle du combustible avec le percement de la cuve du réacteur, sera intégré dès la conception des derniers réacteurs de génération III lors du lancement notamment du projet EPR (Europeen Pressurized water Reactor) en 1993.

A court terme, l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) à organisé des Evaluations Complémentaires de Sûreté (ECS) des installations nucléaires civiles françaises vis-à-vis d'événements de même nature que ceux survenus à Fukushima.

Ces évaluations complémentaires de sûreté s'inscrivent dans un double cadre :
  • d'une part l'organisation de "tests de résistance" (ou "stress tests") demandée par le Conseil Européen lors de sa réunion des 24 et 25 mars 2011 et,
  • d'autre part, la réalisation d'un audit de la sûreté nucléaire des installations nucléaires civiles françaises au regard des événement de Fukushima qui a fait l'objet d'une saisine de l'ASN par le Premier ministre en application de l'article 8 (aujourd'hui abrogé) de la Loi TSN.
En France, l'ASN à ainsi prescrit à l'exploitant de proposer un noyau dur de dispositions matérielles et organisationnelles avec pour objectif, dans des situations extrêmes étudiées dans le cadre des ECS, de renforcer la gestion des situations de pertes totale d'eau et d'électricité de longue durée sur tous les réacteurs d'un même site.

Cela entend des modifications transitoires dans un premier temps (diesels provisoires, appoints supplémentaires en eau, etc.) à visée plus définitive sur la durée de vie des installations.

En parallèle, les moyens d'intervention en cas d'accident sont complétés par la mise en place de la Force d'Action Rapide du Nucléaire (FARN) dont le gréement à été initié dès 2012 au lendemain de l'accident de Fukushima sur le site de Civaux dans la Vienne, dernier site du programme électronucléaire français.

Le contrôle des installations nucléaire civiles

L'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) exerce, au rythme de plus de 700 inspections/an, un contrôle sur l'ensemble des installations nucléaires civiles françaises.

Au-delà de ces contrôles effectués tout au long du cycle de vie des installations, l'exploitant nucléaire français EDF est tenu, conformément au §III de l'article 29 de la Loi TSN, de réexaminer la sûreté des ses centrales à une périodicité décennale.

Le réexamen décennal de sûreté nucléaire va bien au-delà du "bilan de santé" de l'installation. Il est  l'occasion de contrôler en profondeur la conformité de l'installation à ses propres exigences de sûreté, mais également d'apporter les modifications nécessaires afin d'améliorer son niveau de sûreté et de répondre dans la mesure du possible aux exigences applicables aux installations les plus récentes.

Le réexamen de sûreté permet à l'ASN de juger ainsi de la capacité qu'à une installation de poursuivre ou non son exploitation jusqu'au prochain réexamen décennal.

Un peu plus loin, l'Usine Nouvelle dans son article du 12/04/2011, rapporte que les Autorités de Sûreté Nucléaires ont des approches différentes, quelles soient japonaises, françaises ou américaines. En effet, le niveaux de sûreté de nos installation françaises, belges ou finlandaises sont réévaluées lors de leur examen décennal, et bénéficient donc des derniers progrès techniques ou évolutions réglementaires. Il n'en n'est as ainsi aux Etats-Unis ou au Japon ou l'on prend et conserve le référentiel établit à la mise en service des installations. 

Transposition des filières à d'autres domaines

Notons que plusieurs types de réacteurs, notamment des filières RBMK et REP, sont utilisés, bien que différents de leurs confrères destinés à la production d'électricité civile mais en conservant le principe de fonctionnement, en propulsion nucléaire navale, sur différents types de navires (sous-marins, brise glaces, porte-avions, par ex.).

Cependant, le nucléaire embarqué est, paradoxalement au moins aussi sûr que celui à terre et ce, pour plusieurs raisons : 
  • absence de séisme en mer, 
  • système dimensionné avec des coefficients de sécurité bien plus importants (à cause de la flexibilité demandée) 
  • puissance résiduelle plus faible, 
  • neutronique simplifiée par des architectures de cœur particulière (enrichissement, géométrie),
  • etc.
A contrario, et du fait qu'ils soient embarqués, cela conduit à des contraintes supplémentaires à intégrer :
  • inclinaisons de plate-forme, roulis, tangage,
  • accélérations chocs (cas des navires brise-glaces par exemple),
  • ambiance marine corrosive,
  • agressions de nature variées (explosion d’armes et arti­fices), 
  • etc.

Syndrome chinois

Initialement, le syndrome chinois est une hypothèse qui remonte à 1971 par laquelle un cœur de centrale nucléaire en fusion pourrait traverser la croûte terrestre de part en part et aboutir à l'opposé de son origine, en Chine. Le physicien nucléaire Ralph E. Lapp en est à l'origine et base sa théorie sur les rapports d'une équipe de physiciens et publiés en 1967.

Puis en 1979, juste quelques jours avant l'accident du 28 mars à la centrale nucléaire de Three Mile Island, sort le film "The china syndrome", réalisé par James Bridges. Bien que le film soit basé sur un scénario qui envisage l'emballement du réacteur conduisant à sa fusion et au percement des installations allant à créer des explosions de vapeur contaminée à l'atteinte des nappes phréatiques souterraines, son titre est trompeur, puisque la théorie même du syndrome chinois du Dr Lapp n'est pas inscrite au scénario, même si elle est évoquée. Il en résulte que le film, étrangement prémonitoire à l'accident qui s'en suivit, a profondément marqué l'opinion publique américaine. 



Le retour d'expérience (REX) de l'accident de Three Mile Island en 1979 fera qu'un phénomène initialement non prévu à la conception des centrales REP, à savoir la fusion totale ou partielle du combustible avec le percement de la cuve du réacteur, sera intégré dès la conception des derniers réacteurs de génération III lors du lancement notamment du projet EPR (Europeen Pressurized Reactor) en 1993. Ainsi, en cas d'accident grave avec un corium qui percerai la cuve du réacteur, les matières en fusion seraient collectées dans une salle d'étalement située sous le réacteur, et confinées dans les installations de l'îlot nucléaire, sans contact donc avec l'environnement extérieur. (lien)



Retour d’expérience qui n'a bénéficié ni aux réacteur russes RBMK qui équipaient le site de Tchernobyl (comme le montre la photo ci-dessus de ce que l'on nomme "le pied d’éléphant", dû à la forme prise par le corium figé ainsi lors de son refroidissement), ni aux Réacteurs à Eau Bouillante (REB/BWR) qui équipent la centrale de Fukushima. Leur conception est en effet bien antérieure au projet EPR. En conséquence, le corium (amas de matières en fusion) issu du réacteur a traversé les installations...jusqu'à trouver suffisamment de résistance pour ne pas s'enfoncer plus avant et étayer la théorie du syndrome chinois.

Pour mieux comprendre les phénomènes survenant lors d'un accident grave de fusion de cœur d'un réacteur à eau légère, le programme international de recherche Phébus PF (Produits de Fission) à été initié en 1998. Le rapport du dernier des 5 tests a été publié en décembre 2010 et a donné lieu à un séminaire de clôture organisé en juin 2012. Vidéo IRSN.

Les recherches sur le corium se poursuivent sur la modélisation de son écoulement avec Astec suite à l'accident de Fukushima et la recherche des résidus des coeurs fondus. 
source : IRSN - Repères n°29 - 04/2016.

L'IRSN à publié l'ouvrage intitulé "Les accidents de fusion du coeur des réacteurs de puissance" accessible en boutique.

Fukushima, chronique d'un désastre

Rediffusion aujourd'hui du documentaire "Fukushima, chronique d'un désastre" diffusé le 11 mars mars sur ARTE.

Qu'en ressort -il? Outre l'énoncé chronologique de l'accident, par deux fois on fait rappel aux accidents passés.

D'abord avec l'accident de Three Mile Island en mars 1979 où plusieurs furent évoqués.

La conception de la sonde de niveau du cœur en premier lieu. Cette sonde mesure le niveau d'après la pression du circuit. Or, du fait de la perte d'eau dans le cœur et de son augmentation de température, la pression à augmentée, donnant de mauvaises indications aux opérateurs. En effet, alors qu'ils pensaient les éléments recouverts, ils étaient totalement à l'air et entamaient leur destruction du fait de leur température très élevée.
La conception encore avec cette vanne de condenseur maintenue normalement fermée en cas de perte électrique. Les sources électriques ont été perdues en tout premier plan lorsque la vague du tsunami à noyée le site. Cette vanne, une fois ouverte en phase accidentelle aurait permis de retarder le dénoyage du cœur, par l'apport d'eau condensée, tout en évacuant tout ou partie de la chaleur résiduelle du cœur.
La formation enfin car, si les opérateurs américains conscients de la problématique de la vanne de condenseur ont été formés à la manœuvrer manuellement, les opérateur japonnais se sont fiés aux indicateurs de la salle de commande, alors même qu'ils avaient perdus toute source d'énergie et se fiaient à de mauvaises indications.  

Puis ensuite, et à l'instar de Tchernobyl en avril 1986, pour tenter de conserver intègre l'enceinte de confinement, les opérateurs décident un relâchement de la pression qu'elle renferme, ainsi que des produits de fission issus de le fonte des éléments combustibles du cœur. Ce relâchement est à l'origine de la première contamination de l’atmosphère, bien avant l'explosion due, elle, à l'atteinte de la limite d'explosivité de l’hydrogène, gaz issu également de la détérioration des éléments combustibles.

On peut donc que s’apercevoir que les réacteurs à eau bouillante (REB/BWR de type Mark I) de Fukushima Daiichi n'ont pas bénéficié du retour d'expérience (communément appelé REX) et des leçons tirées des accidents de Three Mile Island et de Tchernobyl.

Histoires de rejets

Dans son numéro 24 de février 2015, le magazine Repères de l'IRSN traite de la santé radiologique de nos cours d'eau.

C'est en effet lors d'une étude sur les polluants chimiques présents dans les sédiments de La Seine que les experts de l'IRSN ont isolés la présence de plutonium. Cependant, ni les essais nucléaire atmosphériques des années 1950-60, ni la catastrophe de Tchernobyl ne sont impliqués dans la présence de cet isotope dans les sédiments de La Seine. 

La présence de plutonium 238 aurait donc une origine industrielle et serait due, après recherches, à un déversement accidentel du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) survenu en 1975 lors de recherches sur les procédés de retraitement et de séparation des transuraniens (famille d'éléments lourds dont le plutonium fait partie), sur le site de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine). Une autre source de contamination datant de 1961, dont l'origine reste inconnue, fait également surface dans un article du 20 juin 2014 du site de l'Usine Nouvelle ou 18 juin de la même année sur le site Challenges.

Malgré tout, la présence de cet isotope dans le milieu naturel peut avoir d'autres origines. L'une d'entre elles, peut être un accident nucléaire.

Ainsi une étude faite en 1980 par l'Institut de biogéochimie marine de l'Ecole Normale Supérieure de Montrouge (Hauts-de-Seine) sur les problèmes de polluants dans les sédiments, menée sur la Loire fluviale, de Saint-Laurent-des-Eaux jusqu'à l'estuaire, a mis en exergue la présence de plutonium. 


Cette étude oppose à la quasi absence de plutonium en amont de St Laurent, un taux de plutonium multiplié par dix à son aval et allant en décroissant lentement jusqu'à l'estuaire de La Loire. Présence de plutonium qui serait dès lors imputable à l'un ou l'autre des 2 accidents répertoriés sur la filière UNGG du site de St Laurent. Une affaire (partiellement ) relevée dans une enquête diffusée par Canal+ le 04/05/2015, et relayée par Le Monde dans son article du 04/05/5015.

Les seules traces relevées jusque là correspondent aux retombées d'explosions nucléaires effectuées dans l'atmosphère. Il y a en fait deux sortes de plutonium car celui d'une centrale a une composition très différenciée au plan isotopique par rapport à celui généré par une bombe atomique.

En septembre 1999, une cartographie aérienne du site de St Laurent été réalisée par Hélinuc, hélicoptère intervenant dans le cadre des activités du Groupe INTRA, basé à Chinon. On y voit les différents taux de Césium 137 (137Cs) sur le site et son environnement proche.

Face aux diverses réactions suite à la parution de l'article du Monde du 04/05/2015, et la diffusion sur Canal+ du documentaire Spécial Investigation, l'IRSN publie une note d'information sur les accidents ayant affecté les réacteurs UNGG de St Laurent-des-Eaux en 1969 et 1980.

Enfin, on apprend en juillet 2015 que, suite à la diffusion du reportage "Nucléaire ; La politique du mensonge?" le 4 mai 2015, l'association l'Observatoire du nucléaire porte plainte contre l'exploitant EDF et Marcel Boiteux.

Accidents nucléaires répertoriés

Après avoir éclairci l’esprit du lecteur dans les posts précédents sur ce que peut être un accident nucléaire, pour des questions d’intérêt et de volumétrie d’information, nous ne verrons ici que les événements accidentels, classés au niveau 4 ou supérieur, de l’échelle INES, et liés uniquement à l’exploitation de l’industrie nucléaire civile, à savoir :
Figurent également, à titre d'information, les accidents suivants :

La carte présentée ci-dessous (issue du site "Le Dessous des Cartes", ARTE) montre la géographie des accidents répertoriés au niveau mondial. Notons au passage que les deux seuls accidents français répertoriés (St Laurent 1969 et 1980, Niv.4 de l'échelle INES) n'y figurent pas. Idem pour l'accident Tchécoslovaque de 1977.



Accidents - Niveau 4 de l’échelle INES

Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) : France, le 17 octobre 1969.

Fusion de 50kg de combustible (dioxyde d'uranium) due à une mauvaise manipulation lors du rechargement du le réacteur A1 de la filière UNGG (uranium naturel, graphite-gaz) de la centrale nucléaire de Saint-Laurent. Cet accident nucléaire à été qualifié à l'époque d'incident par l'exploitant EDF car il n'a pas entraîné de dommages vis-à-vis des personnes extérieures au site, des biens ou de l’environnement extérieurs au site.

Centrale nucléaire de Bohunice, Jaslovské Bohunice : Tchécoslovaquie, 22 février 1977.

Combustible nucléaire accidentellement installé pendant le rechargement du réacteur A-1 avec un sachet déshydratant accompagnant l'emballage. Cela a conduit à un manque de liquide de refroidissement et enfin à des surchauffes locales et des dommages graves. En 1978, on a décidé de fermer définitivement cette unité.

Saint-Laurent-des-Eaux (Loir-et-Cher) : France, le 13 mars 1980.

Dans la centrale nucléaire de Saint-Laurent, un accident conduit à la fusion de deux éléments combustibles du réacteur A2 filière UNGG (uranium naturel, graphite-gaz) d'une puissance de 515 MW. La plaque métallique de maintien des capteurs de pression du réacteur vient, à la suite de phénomènes de corrosion, obstruer une douzaine de canaux du bloc de graphite, ce qui empêche le bon refroidissement du cœur et provoque la fusion de deux éléments combustibles. Gravement endommagé, le réacteur est indisponible pendant deux ans et demi environ. C'est l'accident nucléaire le plus grave jamais répertorié pour un réacteur en France.

Village de Tōkai (Tōkai-mura), à 160 km de Tokyo au Japon, le 30 septembre 1999.

L'introduction dans une cuve de décantation, suite à une erreur de manipulation, d'une quantité anormalement élevée d'uranium (16.6 kg) dépassant très largement la valeur de sécurité (2.3 kg), est à l'origine de la réaction de criticité. Cet accident de criticité a exposé plus de 600 riverains à des radiations importantes et tué au moins deux des ouvriers de la centrale ; à 21 h, soit onze heures après le début de l'accident, les autorités décrètent le confinement des populations dans un rayon de dix kilomètres. L'enquête sur l'accident de Tōkai-mura a montré que les ouvriers de l'usine, gérée par l'entreprise JCO, violaient de façon régulière les procédures de sécurité, par exemple en mélangeant l'uranium dans des bassines pour aller plus vite.


[Cet accident étant survenu en dehors de l’exploitation normale d’une installation nucléaire est exclu de la suite de la réflexion].


Fleurus : Belgique, 11 mars 2006.

Un opérateur de la société Sterigenics (Institut national des radioéléments) de Fleurus spécialisée dans la stérilisation d'équipements médicaux pénètre durant 20 secondes dans une cellule d'irradiation contenant une source scellée de cobalt 60 où aucune opération n'étant en cours, les sources radioactives auraient dû être plongées dans une piscine sous cinq à six mètres d'eau en attendant la production. Trois semaines plus tard il éprouva quelques symptômes typiques d'une irradiation (vomissement, perte de cheveux). On estime qu'il reçut une dose élevée comprise entre 4.4 et 4.8 Gy suite à une défaillance du système de contrôle-commande hydraulique assurant le maintien de la source radioactive dans la piscine (l'épaisseur d'eau servant de bouclier biologique). L'opérateur passera près d'un mois à l'hôpital avant de pouvoir rentrer chez lui. Après la mise sous scellé de la cellule concernée pendant près d'un mois, l'organisme gouvernemental de contrôle AFCN en collaboration avec les auditeurs privés d'AVN et le contrôle du bien-être au travail ont imposé à Sterigenics un programme d'actions incluant la mise en place de systèmes de sécurité hydrauliques, électriques et mécaniques redondants. 


[Cet accident étant survenu en dehors de l’exploitation normale d’une installation nucléaire est exclu de la suite de la réflexion].

Accidents sérieux - Niveau 5 de l’échelle INES

Rivière Chalk, Ontario : Canada, 1952.

Dans les laboratoires nucléaires de Chalk River, une perte subite de l'eau de refroidissement au cœur d'un réacteur expérimental NRX provoqua une grande impulsion de puissance. Des explosions en série s'ensuivirent, elles propulsèrent le toit de l'enceinte de confinement des gaz qui demeura enfoncé dans la superstructure. Des fuites de gaz et de vapeurs radioactives dans l'atmosphère se produisirent, elles furent accompagnées par le déversement de 4000 mètres cubes d'eau dans des tranchées peu profondes non loin de la rivière des Outaouais. Le cœur du réacteur étant totalement anéanti, il fallut l'enterrer en tant que déchet radioactif. 

[S’agissant d’un réacteur de recherche, cet accident est exclu de la suite de la réflexion].

Windscale : Grande-Bretagne, 1957.

L'accident est survenu à l'usine de traitement de Windscale, un incendie dura plusieurs jours, pendant lesquels 7.4×1014 Bq d'iode radioactif (iode 131) ont été rejetés à l'extérieur. Le nuage radioactif a ensuite parcouru l'Angleterre, porté par les vents, puis touché le continent européen sans que la population française ne soit avertie. La consommation de lait a été interdite pendant deux mois sur une zone de 500 km². 

Accident nucléaire de Three Mile Island : États-Unis, 28 mars 1979.

L'accident est survenu à la centrale nucléaire de l'île de Three Mile Island sur la rivière Susquehanna, près de Harrisburg, Pennsylvanie. A la suite d'une panne des pompes d'alimentation en eau du circuit secondaire de l'un des réacteurs, un enchaînement de défaillances mécaniques, d’erreurs humaines, d'absence de procédure et de défauts de conception (non prise en compte du risque de perte totale du refroidissement secondaire, défaut des soupapes de sureté du circuit primaire et absence de mesure de niveau d'eau dans la cuve du réacteur), entraîne la fusion du cœur. Malgré la gravité extrême de l’accident, l’enceinte de confinement étant restée intègre, le relâchement de produits radioactifs dans l’environnement est resté faible.

Accident nucléaire de Goiânia, État de Goiás : Brésil, 1987.

Un appareil de radiothérapie, abandonné dans un ancien hôpital, est récupéré par des ferrailleurs pour la revente du métal au poids. Le césium 137, produit actif de l'appareil, est dispersé. Les gens jouent avec, attirés par la lumière bleue qu'il émet. Au moins quatre personnes décédées dans les 75 jours après la découverte, 249 personnes présentent des contaminations importantes, 49 hospitalisations, dont 21 en soins intensifs, et 600 personnes sont encore sous surveillance médicale en 2003. Il a fallu gérer 3500 m3 de déchets radioactifs. Cet accident a été classé au niveau 5 sur l'échelle INES. 

[Cet accident étant survenu en dehors de l’exploitation normale d’une installation nucléaire, et du fait de son aspect médical, cet accident est exclu de la suite de la réflexion].

Accident grave - Niveau 6 de l’échelle INES

Catastrophe de Kychtym : Union soviétique, 29 septembre 1957.

L'accident est survenu dans le Complexe nucléaire Mayak à Kychtym non loin de la ville de Tcheliabinsk en URSS, il a entraîné des rejets radioactifs très importants en dehors du site, au moins 200 personnes périrent, les mesures d'urgence ont comporté une évacuation d'environ 10000 personnes et une zone interdite de 250 km². L'accident est tenu secret par le régime soviétique, les premières informations ne seront révélées qu'en 1976 par le biologiste soviétique Jaurès Medvedev immigré en Angleterre. 


[Du fait de son aspect militaire, cet accident est exclu de la suite de la réflexion].

Accidents majeurs - Niveau 7 de l’échelle INES

Catastrophe de Tchernobyl : Ukraine, le 26 avril 1986.

L'accident est survenu dans la centrale nucléaire Lénine située sur les rives du Dniepr à environ 15 km de Tchernobyl et 110 km de Kiev, près de la frontière avec la Biélorussie. Suite à une série d'erreurs humaines et en raison de défauts de conception, la réaction nucléaire au cœur du réacteur n°4 s'emballe, conduisant à l'explosion non-nucléaire du réacteur et à la libération de grandes quantités de radio-isotopes dans l'atmosphère.

Accidents nucléaires de Fukushima à Okuma : Japon, le 11 mars 2011.

Une explosion dans le bâtiment abritant le réacteur n°1 de la centrale de Fukushima Dai-ichi détruit le toit et la structure supérieure de ce bâtiment, blesse au moins quatre employés, alors qu'une hausse de la radioactivité est déjà mesurée aux alentours du site, vraisemblablement suite aux vapeurs et gaz relâchés par mesure de sécurité pour refroidir le réacteur. L'explication de l'explosion pourrait être la suivante : suite à un début de fusion du cœur, le niveau de température très élevé amène à la formation d'hydrogène (par réaction chimique d'oxydation des gaines du combustible en Zircaloy avec l'eau) ; c'est cet hydrogène, présent dans les gaz relâchés hors du réacteur, qui aurait provoqué l'explosion. De la même façon, le lendemain, la structure du réacteur n°3 a explosé et le réacteur n°2 a perdu tout son liquide de refroidissement, laissant présager la fusion du cœur du réacteur n°2. Classé dans un premier temps au niveau 4, cet accident majeur a été relevé au niveau maximum de l'échelle internationale le 12 avril 2011.

Parc mondial

La carte présente ci-après situe les différentes centrales nucléaires au monde. Nous pouvons constater que la majeur partie d'entre elles se trouvent situées dans l'hémisphère nord du globe, principalement réparties dans les régions centre et est des États-Unis, la partie occidentale de l'Europe (avec la France, le Royaume Uni, l'Espagne, l'Allemagne, la Belgique, etc.), les côtes chinoises et le Japon.


Nous verrons par la suite l'incidence géographique de l’emplacement de certaines centrales nucléaires au regard des risques naturels et des causes probables d'accident.

Ce lien pointe vers une répartition du parc mondial, en fonction de la filière de réacteur et de leur présence par continent.


On peut également trouver, diffusé sur le site de l'AIEA, l'Agence Internationale de l'Energie Atomique, un certain nombre de données relatives à l'énergie nucléaire civile dans le monde avec :
Ce lien figure aussi sur la page principale du blog. 

Échelle de classement des incidents et accidents

L'AIEA a mis en place l'échelle INES (de l'anglais International Nuclear Event Scale) pour qualifier la gravité d'un événement lié au nucléaire. Elle est utilisée au niveau international depuis 1991. Graduée selon 8 niveaux (de 0 à 7), elle se base sur des critères objectifs et subjectifs pour caractériser un événement.


Cette échelle est utilisée depuis 1991, ce qui signifie que la plupart des accidents (niveau supérieur ou égal à 4) ont été classés après coup.

Cette échelle peut servir notamment de critère pour savoir si un incident peut être qualifié d'accident ou d'incident nucléaire. Les « accidents nucléaires » sont des événements impliquant une contamination radiologique plus ou moins importante.

Pour l'échelle INES, les « accidents » à proprement parler sont principalement ceux qui ont une incidence en dehors du site, exposant le public à une contamination radiologique. Sont également comptés comme « accidents » les événements provoquant une destruction partielle ou totale d'un réacteur, même lorsqu'il n'y a pas eu d'exposition du public.

Un accident nucléaire est qualifié « d’incident » nucléaire si l'on juge que sa gravité et ses conséquences sur les populations et l'environnement sont très faibles.

Avant l'échelle INES, la France utilisait l'échelle suivante à 6 niveaux.



C'est cette échelle, initialement mise en place à l'initiative du Conseil Supérieur de la Sûreté et de l'Information Nucléaires (CSSIN) en 1987, et adoptée en France d'avril 1988, et jusqu'en avril 1994, que le ministère chargé de l'Industrie, autorité en matière de sûreté, mentionnait au cas par cas le niveau de gravité des incidents et accidents concernant les Installations Nucléaires de Base (INB).

L'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN)

L'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), créé par la loi n°2001-398 du 09/05/2001 et dont les missions et l’organisation ont été précisées par le décret n°2002-254 du 22 février 2002, est un établissement public industriel et commercial (EPIC), placé sous la tutelle conjointe des ministres chargés de la Défense, de l'Environnement, de l'Industrie, de la Recherche et de la Santé. Il rassemble plus de 1 500 spécialistes : ingénieurs, chercheurs, médecins, agronomes, vétérinaires et techniciens, experts compétents en sûreté nucléaire et en radioprotection, ainsi que dans le domaine du contrôle des matières nucléaires et sensibles.

Qu’est-ce qu’un Accident Grave

Comme le définit le document IRSN-2008/98 du 15 décembre 2008 intitulé " Accidents graves des réacteurs à eau de production d’électricité", un accident grave est définit comme étant un accident dans lequel le combustible du réacteur est significativement dégradé par une fusion plus ou moins complète du cœur. Cette fusion est la conséquence d’une élévation importante de la température des matériaux composant le cœur, elle-même résultant d’une absence prolongée de refroidissement du cœur par le fluide caloporteur. Cette défaillance ne peut survenir qu’à la suite d’un grand nombre de dysfonctionnements, ce qui rend sa probabilité très faible (en ordre de grandeur, 10-5 par réacteur et par an).

Pour exemple, le premier accident grave de l'industrie nucléaire civile à été celui survenu en 1979 sur la tranche 2 du site de Three Mile Island par le cumul de défaillances ayant conduit à la fusion partielle du cœur et renoyage de celui-ci.

Qu’est-ce qu’un Accident Nucléaire

Un accident nucléaire, ou accident radiologique, est un événement qui risque d’entraîner une émission de matières radioactives ou un niveau de radioactivité susceptible de porter atteinte à la santé publique (ci-joint une échelle de dose et les effets associés).

Les « accidents nucléaires » peuvent survenir dans un site de l'industrie électronucléaire (une usine d'enrichissement de l'uranium, une centrale nucléaire de production d'électricité, une usine de traitement du combustible usé, un centre de stockage de déchets radioactifs) ou dans un autre établissement exerçant une activité nucléaire (site militaire, hôpital, laboratoire de recherche, etc.), ou encore dans un sous-marin, un porte-avions ou un brise-glace à propulsion nucléaire.

Les accidents peuvent aussi se produire lors des transports de matières radioactives (notamment à usage médical, mais également combustible nucléaire, déchets radioactifs ou armes nucléaires). Ce dernier aspect ne sera pas évoqué ici.

Genèse du blog

Le nucléaire est une formidable source d’énergie. Elle nous éclaire, nous chauffe, nous transporte et bien plus, au quotidien.

Mais elle est source de débats, de peurs. Les accidents, de Three Mile Island à Fukushima sont là pour nous rappeler aussi le pouvoir destructeur à bien des égards de cette source d’énergie.

Nous verrons quelles sont les causes probables et possibles d’un accident, leurs effets, leurs conséquences.